dimanche 1 mai 2011

Tout ne va pas si bien à l’ARS de Picardie : la fête est finie…



Le 5 avril dernier nous « fêtions » notre premier anniversaire et ce week end la fête du travail. Entre le 1er avril et le muguet de ce beau dimanche ont eu lieu entre autre, la convention du personnel et l’installation de deux instances représentatives du personnel : le comité d’agence et le CHST. Ces moments importants de la vie de l’Agence sont encore une fois l’occasion  de tester la capacité de notre ARS à instaurer les conditions favorables d’un véritable dialogue social.

Plutôt qu’un dialogue, la réunion d’installation du comité d’agence s’est traduite par un monologue, avec de plus le départ anticipé du directeur avant la fin de la réunion. Pour le CHST, après une longue présentation des acteurs, le dossier le plus important du jour, celui des astreintes  ne passera qu’en fin de matinée entre 13h et 13h30, preuve de l’intérêt porté à au débat nécessaire sur ce sujet avec les instances représentatives du personnel.

Nous avons eu droit à une esquisse de présentation du nouveau dispositif qui a certes le mérite d’être mieux équilibré sur le fond que le premier projet, mais encore si approximatif dans sa présentation et dans sa mise en œuvre, que tous syndicats confondus, nous avons trouvé non recevable en l’état. Nous ne validerons donc pas au sein du CHST et de façon unanime, le projet ainsi présenté sans précisions complémentaires. Nous ne détaillerons pas ici l’objet de nos réserves largement diffusées dans le mail collectif et intersyndical de la semaine dernière.

En matière de concertation, chacun sait qu’il faut du temps, or encore trop souvent, la vitesse et l’approximation semblent être la règle, à moins que ce ne soit une stratégie, comme celle de réunir l’ensemble des cadres par petits groupes pour se « concerter collectivement ».

Revenons si vous le voulez bien à cette date anniversaire, à notre fameuse « convention » du 5 avril, terme emprunté pour désigner cette nouvelle forme d’assemblée générale, sorte de « show » à l’Américaine, avec le même look de présentation humoristique mais sans l’enthousiasme de ce type d’assemblées tant l’ambiance n’était pas à la fête.  Nous étions habitués pour la majorité des personnels de l’ARS à plus de simplicité et de sobriété, plus d’authenticité et moins d’hypocrisie.

En effet suite au mot d’ordre du Ministère avec l’annonce tapageuse d’un « plan d’action national » d’amélioration des conditions de travail au sein des ARS, qu’il ne faut bien sûr pas relier au suicide d’un MISP ou au mal être généralisé au sein des ARS…venant quelque peu troubler le fleuve tranquille de la vie des ARS.

On ne pouvait donc que se « réjouir » d’une journée ou on allait nous « bichonner » sans vergogne, nous restaurer et nous dire que « tout le monde il est beau et tout le monde il est gentil » ! Cet anniversaire avait plutôt l’air d’un rendez-vous de « convivialité obligée » tant le cœur n’y était pas pour beaucoup d’entre nous.

Après 15 jours de mystère entretenu autour de l’objectif et du contenu de cette convention annoncée dans le journal interne comme « une réunion de travail, un moment à part dans notre quotidien professionnel, un événement à part entière ». On nous livre ensuite, qu’ « une convention n’est pas une simple réunion, ni une assemblée générale, le format retenu étant celui de tables rondes » mais sans participation possible des personnels. Enfin l’article conclue par « Améliorer et préserver la santé des picards, c’est une grande responsabilité et aussi une grande fierté, c’est notamment de cela dont nous allons parler le 5 avril (et non discuter ) ».

Après cette énigmatique annonce qui donne « envie d’y aller », et après avoir réclamer une vraie invitation précisant l’objectif, c’est un mail laconique mais coloré qui précise dès la première ligne l’obligation d’émargement des personnels à leur arrivée sans plus de précision sur l’objectif de cette journée.

Qu’avons nous fait pour mériter ce traitement ? N’est ce pas déconsidérer ses personnels que de se comporter de la sorte en lui faisant tant confiance ? Ou peut être que les cloches du Ministère ont sonné ce jour là pour annoncer la fin de la récréation face aux régions où les personnels récalcitrants ont tout simplement boycotté massivement ce type d’événement ? (Ex : près de la moitié des personnels de l’ARS de Bretagne ne se sont pas rendu à cet événement anniversaire). Ou alors, les personnels de l’ARS de Picardie « bonne élève » et bien organisée aux yeux du Ministère, se devaient d’être présents pour ne pas décevoir le grand témoin ?

Le « format » de la journée n’ayant d’ailleurs pas envisagé de temps d’échange direct ni avec les personnels ni avec un quelconque témoin…Après avoir émargé à l’entrée, nous nous sommes donc assis confortablement et avons suivi  sagement le spectacle comme de grands enfants ébahis. Après la sempiternelle liste à la « Prévert » de ce qui a été réalisé par nous tous depuis la création de l’Agence, c’est un discours sobre tout emprunté de sollicitude pour les personnels de l’ARS qui nous est servi.

Pour le contenu de cette convention, réglé au millimètre par un groupe de travail ayant ardemment et hardiment  planché sur le « sujet », nous avons droit au menu  suivant : un peu de théâtre nous montrant en dérision comme plat de résistance, une pincée de chiffres de démographie médicale, une goutte d’eau de technique et un peu d’accessibilité au soins saupoudrée de télé médecine.

Pour le théâtre les scènettes étaient parfaites, d’une telle réalité nous permettant de ne pas douter de la connaissance précise de notre direction, des réalités quotidiennes que nous vivons depuis la création de l’Agence. Mettre en scène notre quotidien avec dérision, c’est une chose, mais répondre au mal être en proposant une vraie concertation et de vraies solutions en est une autre.  Le théâtre  dissèque notre quotidien et met en scène les problèmes communs à tout un chacun. Le théâtre c’est la vie, nous dit sir Alfred Hitchcock, ses moments d’ennui en moins…

Car même si certains d’entre nous avons trouvé juste l’esprit théâtral de ces scènettes, beaucoup se sont aussi ennuyés ou sentis mal à l’aise face à cet « excès » de dérision,  en particulier ceux qui silencieusement se sont retrouvés seuls face au spectacle de leur propre souffrance au travail.

Encore quelques beaux discours avant la fin de cette journée qui n’ont pas déchaîné l’applaudimètre, ni suscité l’enthousiasme car la majorité des personnels ne sont plus dupes, et la résignation a ses propres limites…Chacun est sorti sa tasse à la main estampillée « une année ensemble au service de la santé des picards », mais la coupe pleine d’un drôle de sentiment tant cette journée était décalée faces aux attentes de la majorité d’entre nous.

Cette « mascarade » de convention à 25 000 € est encore un exemple pouvant nous faire douter de la volonté d’instaurer un véritable dialogue social au sein de cette Agence.

Les volontés précaires se traduisent par des discours, les volontés fortes par des actes !

Quelle action concrète a été envisagée pour améliorer les circuits de décisions et de circulation de l’information au sein de cette agence et non réserver toutes la « substance bleue » à l’élite ayant droit sur tout même de ne pas vous informer ? 

Pour améliorer la communication interne, suffit- il de disposer d’une pléthore de supports de communication tous aussi « beaux », tous aussi « lisses » dans leur forme et leurs contenus ? Ne faudrait-il pas plus d’échanges directs pour identifier les « vrais besoins » de communication sans vouloir se gargariser d’une autosatisfaction suspecte de nombrilisme ?

Quelle action concrète a été envisagée pour améliorer le quotidien des personnels de l’Agence, les contraintes se multiplient, l’écoute se fait de plus en plus rare, les procédures internes  parfois lourdes et compliquées (pour exemple la procédure de gestion des frais de déplacement relevant  plus d’objectifs d’économie d’épicerie que d’une réelle optimisation des processus supports).

Quelle action concrète a été envisagée pour assurer un processus de recrutement transparent et clair pour tout à chacun ? Les choix en la matière n’ont jamais été explicités de façon précise et dans leur globalité, confortant ainsi l’esprit de chapelle qui rôde au sein de chaque direction de l’Agence qui ne cesse d’alimenter toutes les rumeurs du copinage et des passe-droits.

Quelle action concrète a été envisagée pour redonner leur place aux professionnels compétents et ceci sans multiplier les strates de la pyramide ARS, par des « managers » empilés, recrutés sur les jeux de bazar du consulting et du management, par des comités multiples (COMEX, CODIR, COSTRA et par une multitudes de réunions d’encadrements factices ( CODROS, CODPPS…) ou tout se sait mais ou rien ne se dit.

Nous n’allons pas continuer à regarder faire et se taire . N’oublions jamais le printemps 2010 :

Au niveau national, nous apprenions en catimini que certaines prestations sociales ministérielles seraient tout simplement supprimées et que les élections du comité d’agence et des représentants du personnels étaient reportées, comme pour éviter la contestation à ce moment le plus fragile et le plus sensible pour discuter des conditions de travail des collègues.

Au niveau local, juste avant l’ouverture de notre Agence, souvenons nous de cette période du processus de recrutement des responsables de l’ARS et de la finalisation de l’affectation des personnels, la production des projets d’entités, le recours aux consultants pour le choix des responsables, la « Capgeminimania », les fiches de poste sommaires, les responsabilités mal définies, l’attente des personnels des délégations territoriales (éternels banlieusards de l’ARS), et la mascarade d’un premier séminaire des responsables avec presse book photos, post-it, mots clefs et arbre de vie sans racines puis discours de démonstration sur ce qu’est, et sur ce que doit être le management au sein de notre Agence, sorte d’idylle entre le pont et la vigie…

Puis vint le jour de l’ouverture de l’Agence et des conférences de presse synchronisées au niveau national : souvenons-nous du discours, où une courte phrase a été consacrée pour saluer le travail des professionnels des anciennes structures DDASS et DRASS et qu’un € symbolique devait être versé à chaque fois que l’on parlerait de DRASS, DDASS, URCAM… comme pour signifier que chacun devait ipso facto s’assimiler et se fondre dans la nouvelle culture de la maison commune ARS en oubliant ses origines et son histoire professionnelle.

Nous ne sommes pas les avatars à qui l’on veut faire boire l’eau bleue de bonnes paroles, nous ne souhaitons pas devenir de grands hommes bleus décérébrés, déracinés mais des professionnels confirmés et responsables ne doutant pas de notre capacité à participer au développement à venir de notre Agence et à la mise en œuvre de la politique régionale de santé au service de tous les picards.

Ce premier printemps plutôt calme pourrait être suivi d’un printemps 2011 moins serein. En effet, les personnels de l’ARS de Picardie, dans leur grande majorité ne sont pas dupes, ils faut changer de cap dans la relation avec les personnels pour l’instauration d’un vrai dialogue social entre professionnels responsables.

La fête est finie ! Cessons de nous considérer comme des enfants, il nous faut maintenant sonner la fin de la récréation. Il est temps de restaurer de nouvelles bases pour un vrai dialogue social au sein de cette Agence. Le dispositif d’astreinte est un premier projet test, il ne se fera pas contre nous mais avec nous.
  
Il est encore temps de réagir pour instaurer les conditions d’un véritable dialogue social au sein de cette Agence !

Toutes les idées, commentaires et suggestions seront la bienvenue : il est temps de dire les choses et de ne plus se résigner à regarder faire sans rien dire.

NB : n’hésitez pas à réagir sur notre blog en enregistrant vos commentaires à l’adresse suivante : http://fo-ars-picardie.blogspot.com

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